En plein hiver, la France se retrouve à nouveau confrontée à un dilemme énergétique. Alors que le pays s’est engagé sur la voie de la transition écologique, les vagues de froid successives ont contraint les opérateurs à redémarrer des centrales à charbon jadis promises à une fermeture définitive. Mais quels sont donc les enjeux et les conséquences de cette décision controversée ? Analysons ensemble cette situation complexe.
Le redémarrage inattendu des centrales à charbon
L’historique du fonctionnement
Durant l’hiver 2024, alors que le mercure chute dramatiquement, deux centrales à charbon françaises, saint-Avold et Cordemais, sont mises en service après une longue période d’inactivité. La centrale de Saint-Avold en Moselle a été réactivée dans la nuit du 8 au 9 janvier. Ce redémarrage marque son premier fonctionnement depuis le début de l’année 2023.
Les prévisions d’exploitation
Ces deux centrales pourraient fonctionner jusqu’à une centaine de jours par an en moyenne, selon les conditions climatiques. Historiquement, elles ont été sollicitées principalement lors des périodes de tension énergétique pour assurer l’approvisionnement national.
Mais ce retour imprévu suscite plusieurs interrogations. Quelles sont donc les raisons qui ont poussé au redémarrage de ces vieilles dames de l’énergie fossile ?
Saint-Avold et Cordemais : analyse d’un choix énergétique
Le motif du redémarrage
Bien que le gestionnaire du réseau, rTE, n’ait pas explicitement demandé un redémarrage, la direction des centrales invoque une raison simple mais majeure : répondre à l’accroissement de la demande énergétique généré par le froid.
Les engagements de fermeture
Ces centrales à charbon devaient pourtant être fermées avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron. Un projet de reconversion vers la biomasse était même envisagé pour 2027. Leur remise en marche pose donc la question de l’équilibre entre demande accrue et sécurité d’approvisionnement.
La balance entre demande accrue et sécurité d’approvisionnement
La tension énergétique hivernale
Durant les vagues de froid, la consommation d’électricité atteint des pics historiques. C’est notamment le cas lors du démarrage matinal des chauffages électriques, moment où ces deux centrales fonctionnent à plein régime.
L’enjeu de la sécurité d’approvisionnement
Malgré leur impact environnemental déplorable, ces structures offrent une garantie non négligeable en termes de production stable et continue. Cela peut sembler paradoxal, mais est-ce que le charbon pourrait encore être considéré comme nécessaire dans notre mix énergétique ?
Le charbon, une source d’énergie contestée mais nécessaire ?
Une énergie fossile en sursis
La France s’est engagée à fermer toutes ses centrales à charbon d’ici 2022, dans le cadre de son plan climat. Pourtant, l’hiver 2024 a montré que ce combustible fossile reste un maillon stratégique pour sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays en période de crise.
Les limites des énergies renouvelables
Même si les sources d’énergies renouvelables progressent rapidement, elles ne sont pas encore en mesure de répondre à la totalité des besoins lors des pics de consommation. Et ce malgré leur croissance exponentielle et les investissements massifs dans ce secteur.
Cependant, il est essentiel de comprendre les répercussions environnementales qu’engendrent ces redémarrages inattendus.
Les répercussions environnementales du retour au charbon
L’impact carbone
Il n’est plus à démontrer que le charbon est l’une des sources d’énergie les plus polluantes. Rien qu’en France, la combustion du charbon est responsable d’environ 10% des émissions nationales de CO2.
La menace sur les objectifs climatiques
Ces redémarrages compromettent fortement l’atteinte des objectifs climatiques français. La situation est donc préoccupante et nécessite une mise en perspective avec la production nucléaire.
Réacteurs nucléaires vs centrales à charbon : l’état de la production française
Le poids du nucléaire
Même si le nucléaire pose ses propres problèmes, il reste la source principale d’électricité en France. Pourtant, les crises énergétiques et géopolitiques peuvent également affecter son fonctionnement, comme ce fut le cas lors des tensions avec l’Ukraine.
La place du charbon dans le mix énergétique
Malgré sa réputation désastreuse, le charbon conserve donc une place particulière dans notre système énergétique, notamment en raison de sa capacité à fournir une énergie stable lors des pics de consommation hivernaux.
Toutefois, cette situation soulève une question cruciale : quel avenir pour le charbon dans un pays qui se veut exemplaire en matière de transition énergétique ?
Vers une transition énergétique : quel avenir pour le charbon en France ?
Un défi majeur pour les objectifs climatiques
Pour respecter ses engagements pris lors de l’Accord de Paris sur le climat, la France doit rapidement diminuer sa dépendance aux énergies fossiles dont fait partie le charbon.
La nécessité d’un mix énergétique diversifié
Afin d’éviter ces situations complexes à gérer, un mix énergétique diversifié et résilient est nécessaire. Cela passe notamment par le développement des énergies renouvelables et l’optimisation de la consommation.
Au terme de cet examen approfondi, il apparaît clairement que la situation énergétique française se trouve à un véritable carrefour.
Nous devons relever le défi d’une part d’assurer la sécurité d’approvisionnement en énergie pour tous, même lors des hivers les plus rudes, et d’autre part de respecter nos engagements climatiques. Le cas des centrales à charbon Saint-Avold et Cordemais est emblématique de ce dilemme. Ces structures, bien que très polluantes, ont montré leur utilité lors de pics de consommation liés à une vague de froid exceptionnelle. Cependant, il est impératif que ces redémarrages restent exceptionnels et ne remettent pas en cause l’ambition française en matière de transition énergétique.